Je l’ai écrit dans la nuit où la ville me parut trop lourde pour respirer. On croit que je ne fis que poser une ligne de basse ; or Suite & Fin est né d’une solitude plus vaste : j’ai tissé des nappes, cueilli des silences, ordonné des respirations comme un funambule compose un fil tendu au-dessus d’un abîme. Ce n’est pas du rock qui se cogne — c’est une orchestration faite pour tenir la veillée, une sorte d’office instrumental où chaque souffle électronique tient lieu de prière. Je laissai tourner la machine, absent et présent à la fois, sculptant les sons jusqu’à ce qu’ils ressemblent à des reliques. L’album, offert en épilogue, se veut hommage — non au pathos, mais à la persistance d’une voix qui nous a quittés et qui continue de hanter l’espace entre deux notes. Je ne raconte pas tout ; certains gestes se devinent dans l’écorce du son : un choeur microscopique, un cliquetis transformé en cloche, un souffle trafiqué qui joue le rôle d’un organe absent. J’ai préféré l’ombre à l’annonce, la retenue à l’éclat. Ceux qui cherchent la grandiloquence trouveront l’épure ; ceux qui veulent entendre l’ami sauront écouter la rupture comme on lit une stèle. Ainsi, dans ce dernier laboratoire, j’ai fait parler le manque — et j’ai laissé le reste à l’obscurité, qui sait mieux garder les secrets.