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RELIQUES SONORES

Objets sonores exhumés, chansons en lambeaux : entre archives et tombeau, écoutez ce qui reste.

‡+ TROP TARD ‡+

Paris 1982-1988 | Ressuscité 2024

Esthétique Brutaliste

Chant funébre pour des étoiles froides

L'Origine (1982-1984)

Il était une fois, dans les entrailles décadentes d'une France aux néons faiblissants, un groupe naquit sans fracas, comme une larme dans l'obscur -Trop Tard. Non pas un nom, mais un glas.

Paris, début des années 1980. Deux âmes s'y accrochaient : Fabien Doe, la voix sépulcrale, et Philippe, l'arpenteur de basses hantées. Ils n'avaient ni dieu, ni maître, si ce n'est la rouille, le désespoir et la beauté sèche des jours sans lumière. Ensemble, ils forgèrent une œuvre à l'image des songes : rare, rugueuse, irrévocable. Nés du théâtre avorté, enfants d'un exil intérieur nommé Les Déportés, ils créèrent une musique comme on grave un testament sur une tombe sans nom. Une cold wave sans concession, soufflée dans les fissures de l'Europe post-industrielle, où chaque accord saignait comme un cri retenu.

Leurs cassettes — Fantôme, Fuite Mentale, Photodrame — furent des reliques maudites, emballées dans des objets d'art bricolés, griffés de tapisserie carbonisée ou de VHS détournées. On n'écoutait pas Trop Tard. On les décodait. Il n'y avait rien à vendre, rien à espérer : seulement cette voix, baryton d'outre-monde, qui murmurait aux anges déchus que « la mort est humaine » et que « l'ennui » est un vin que l'on boit seul, face à un miroir. 1988. Leur unique vinyle, Ils Étaient 9 dans l'Obscurité, fut une épitaphe magnifique, gravée avant même que le sang ne sèche. Quelques mois plus tard, Fabien disparaissait dans la nuit. Le groupe s'éteignit avec lui, comme une ampoule qui claque dans une pièce vide.

NOUS AIMONS CE QUI EST LAID QUAND TOUT SEMBLE BEAU, CE QUI EST SALE LORSQUE TOUT EST PROPRE.

RELIQUES DU NEANT

Une basse qui saigne bas, une guitare comme une scie rouillée, des pulsations sèches — et cette voix de caveau, baryton funambule, qui parle aux anges décadents titubant sous les lampadaires.

Fabien, la voix sépulcrale, prophète du post-drame. Philippe, l'arpenteur de basses hantées, architecte du vide. Ensemble, ils ne cherchaient pas le succès. Ils cherchaient une forme d'expression pour l'inexistant, pour ce qui reste après que tout s'est effondré. Armés d'une basse déglinguée, d'une guitare rouillée et d'une unique boîte à rythmes, ils fondèrent leur propre label : Les Déportés.

Nom d'exil, d'exclusion volontaire. Bannissement auto-infligé. Ils n'appartenaient à aucune scène, aucun mouvement — juste à l'ombre qui suit les vivants condamnés à errer dans la nuit.

LES DÉPORTÉS